"Elle est si fragile, qu'allons-nous faire d'elle..."
"Patience, chère épouse, la suite des évènements promet d'être surprenante!"



Dans le crépuscule du jour finissant, une petite fille était née au sein du manoir de la famille Wolkoff qui suscitait l'envie et la curiosité chez certains passants. Enveloppée dans une longue couverture de soie aux couleurs vives, Elysium se laissa bercer par la voix fredonnante de Viktoria, sa tendre mère. Son arrivée n'était pas encore attendue, la frêle petite créature était née deux mois trop tôt. Cette nuit-là, des éclairs zébrèrent le ciel, provoquant une insomnie générale au manoir qui se dressait fièrement au coeur de Londres.

Les gens ont quelque chose en commun : ils sont tous différents.

Elle galopait à travers la grande demeure ceinte de murs blancs et aboutit au milieu de la petite cour intérieure. Traversant le cloître à grandes enjambées, elle salua au passage quelques valets avant de s'exposer aux doux rayons qui émanaient d'un soleil qui se faisait entreprenant en ce début matinal. La gorgée brûlée par l'air frais et revigorant, elle vint s'asseoir sur un banc récemment peint d'un voile blanc neige, ce même banc qu'elle épousait chaque jour avant ses leçons. Balayant l'horizon des yeux, la petite Elysium était curieuse et avide de connaître la vie en dehors de ces grandes grilles noires qui la séparaient du commun des mortels. Elle observait souvent les enfants jouer dans la rue avec un pincement au coeur,

EXTRAIT 10 ;

Cher journal,

Si tu savais comme j'aimerais aller jouer dans la rue avec les autres enfants de mon âge! Mais maman me l'a formellement interdit, sous prétexte que je suis trop fragile et instable pour me fondre avec les autres enfants qu'elle qualifie de 'barbares'. Je ne suis pas d'accord! Eux sont libres, et moi je suis enfermée dans cette prison idyllique qui fait pâlir de jalousie les touristes. J'aimerais être un oiseau et, dans un battement d'ailes, prendre mon envol vers d'autres horizons...



Appuyée nonchalamment contre son bureau, elle guettait le paysage par la fenêtre avant de reporter son regard morose sur son institutrice qui tentait vainement d'attirer son attention. Elle n'avait que faire de ses leçons et envoya paitre la vieille femme d'un geste de la main. Celle-ci, outrée, s'en alla d'un pas précipité de la pièce, laissant la petite fille libre de rêvasser en toute quiétude. A vrai dire, les cours l'ennuyaient horriblement. Elle qui n'avait rien d'autre à faire que de s'occuper par soi-même découvrit un certain plaisir à avaler le contenu des livres de la bibliothèque imposante qui occupait la moitié du premier étage. Elle aimait s'asseoir sur le fauteuil baroque de son père et lire pendant des heures interminables, bercée par le délicieux crépitement du feu qui embrassait le sol de la cheminée.



L'orage vrombissait à l'extérieur, faisant trembler le manoir jusqu'à ses racines. Une pluie belliqueuse martelait contre les hautes vitres du vieux bâtiment, déchainant toute sa colère. Réveillée par d'étranges gémissements étouffés, Viktoria s'extirpa de ses draps, enfila soigneusement son long peignoir en soie bleue marine, et se hâta promptement jusqu'à la chambre voisine où résidait Elysium. Alors qu'elle ouvrait dans un grincement sourd la porte de sa chambre, elle fut stoppée brusquement dans son élan par le spectacle qui s'offrait à elle. Là, devant le grand miroir devant lequel son enfant aimait tant parler à son reflet, se trouvait la petite Ely, immobile comme une statue.

"Ely?"

Elle tremblait, dévoilant une fragilité presque effrayante, et lorsqu'elle se retourna pour faire face à sa mère, cette dernière ne put retenir un hoquet de surprise. Elysium renifla, un flot de larmes débordait et envahissait les vallées de part et d'autre de son nez, des filaments de salive tissaient des colonnes dès qu'elle ouvrait la bouche, son regard, quant à lui, était dépourvu de toute lueur d'animosité.

"Ma chérie? C'est maman...tout va bien..." murmura d'une voix doucereuse Viktoria.

Elle fut soudain attirée par un objet que tenait fermement Ely dans sa main et, lorsqu'elle fit le lien entre la lueur scintillante qui émanait de l'objet et les quelques perles vermeilles qui gisaient au sol, elle se racla la gorge et tendit lentement sa main vers le petit être devant elle, tentant de réfréner sa nervosité.

"Ely, que fais-tu avec ce couteau en main? "

La petite observa longuement sa mère, pencha légèrement sa tête sur le flanc droit et étira ses petites lèvres pulpeuses en un sourire...dément.

"Rony n'a pas été sage maman..."

"Qui est Rony?"

"Rony..." ajouta simplement Elysium en pointant un coin sombre de la pièce d'où s'échappait une odeur putride.

Les sourcils froncés, Viktoria s'approcha de l'endroit désigné par sa fille et posa sa main sur sa bouche pour étouffer un cri d'horreur. Gisait au sol un chien ouvert de l'ombilic jusqu'au menton. La pauvre bête semblait s'être pris de nombreux coups après avoir été éventré sans le moindre scrupule. Ses grands yeux semblaient l'implorer en silence, mais la mort l'avait déjà entièrement rongé. Elle s'apprêtait à sermonner l'enfant mais fut stoppée dans son élan par son comportement plus alarmant. En effet, Ely avait trouvé un soudain intérêt à gratter les murs, ensanglantant ses petites mains meurtries et murmurant des paroles incompréhensibles qui ressemblaient plus à des grognements qu'à autre chose...



"Elle a ça depuis longtemps?"

"Eh bien, depuis quelques mois maintenant, mais ça n'avait jamais été aussi...effarant!"

Un bruit de pas mit fin à leur discussion et lorsque Viktoria et le médicomage se retournèrent, Elysium se tenait devant eux, le regard empli d'une curiosité non feinte et d'une certaine crainte.

"J'ai encore agi de façon étrange?"

EXTRAIT 15 ;

Cher journal,

Hier, j'ai encore fait une crise..Je ne me rappelle pas exactement de ce qui s'est passé mais j'ai bien vu que j'avais effrayé maman. Encore une fois...
Elle a beau me sourire et me rassurer, je vois bien cette petite étincelle de peur et d'inquiétude dans son regard. Papa et grand frère ne veulent rien me dire non plus, ils se contentent de me bichonner comme une poupée. J'ai peur...





"Madame Wolkoff, je dois vous avertir au sujet de votre fille. Elle est atteinte de violents troubles du comportement, et ceux-ci risquent de devenir plus violents encore dans un proche avenir. Je ne suis pas encore sûr sur la nature exact de...ces troubles. Je vais aller me renseigner au plus vite et, soyez prudente!



Ses doigts s'appuyèrent frénétiquement sur les touches lisses du piano, laissant s'échapper une mélodie pleine de mélancolie et de tristesse. Son regard se noya dans le manteau blanc qui recouvrait les murs de la grande salle où siégeait en son cœur un magnifique piano à la valeur inestimable. Lasse, elle sentait une nouvelle gorgée d'émotions désagréables remonter à la surface et retint vainement des larmes qui forcèrent le passage de ses paupières et cheminèrent le long de ses joues pour s'abattre sur sa nouvelle robe.

"Ely?"

Elle se retourna vivement et, reconnaissant instantanément cette voix douce et rassurante, bondit dans les bras de son grand frère et se lova contre son torse.

"Charliiiiiie!"

"Pourquoi pleures-tu princesse?"

"Je ne sais pas..." geignit-elle, sentant une nouvelle montée de spasmes.

"Là, schhtt...ça va, je suis là!"

Et tandis que Charlie fredonnait une douce mélodie, Elysium se laissa surprendre par le sommeil...



EXTRAIT 25 ;

Cher journal,

Tu ne devineras jamais quoi! Aujourd'hui, j'ai senti la magie palpiter autour de moi! Mes parents étaient fiers de moi et m'ont, encore une fois, bichonner toute la journée. Je les comprends, avoir une enfant fragile et, qui plus est, victime de troubles ne doit pas être aisé...Ils redoutaient sans doute que je devienne un cracmol! Je crois que ça aurait été la plus grande honte de ma vie! Bref, je vais te laisser, j'entends Charlie m'appeler du rez-de-chaussée!





"SERPENTARD!" croassa le choixpeau magique.

L'enfant pré-pubère sentit une vague d'émotions palpitantes parcourir tout son être, fière d'être la digne héritière de ses ancêtres qui étaient tous passés par la maison du célèbre Salazar Serpentard.




"Fais un peu attention où tu mets les pieds, sang-de-bourbe!"

EXTRAIT 39 ;

Cher journal,

Je me souviens encore de cette petite rouquine qui me fusillait du regard et avalait difficilement une flopée d'injures avant de s'éclipser au détour d'un couloir. Elle semblait mécontente de son petit surnom...Pourtant, je trouve ça naturel de l'appeler comme tel, puisque c'est ce qu'elle est vraiment. J'ai toujours vécu au sein de sorciers qui désapprouvaient les unions des sorciers avec des moldus, moldus sur lesquels ils cracheraient bien volontiers. Personnellement, je n'ai rien contre ces créatures et, même si je n'aime pas l'idée que l'on mélange le caviar avec le thon, les moldus attisent quelque peu ma curiosité...





Le couvre-feu s'était annoncé depuis un bon petit moment et, tandis que les préfets faisaient leur ronde habituelle, l'un d'eux fut attiré par une silhouette familière qu'il perçut dans l'éclaircie lunaire.

"Wolkoff! Puis-je savoir ce que...PAR MERLIN! Mais qu'avez-vous fait à ce pauvre Vizinsky!"

Vizinsky était un poustsouffle de quatrième année et, qui plus est, un né moldu. Celui-ci gisait au sol, frappé par un stupéfix des moins médiocres.

"Ce sale sang-de-bourbe a insulté ma famille et je n'ai pas aimé ça d-u t-o-u-t. J'ai simplement voulu lui faire passer le message..."

{...}

EXTRAIT 41 ;

Cher journal,

Mes parents viennent de partir, convoqués à le demande du directeur qui demandait des explications quant à mon attitude étrange. Il semblerait que mes parents aient pris soin de ne pas l'informer quant à mon comportement...instable. Il m'arrive encore d'avoir des crises mais, heureusement, elles semblent s'être calmées...



C'est ce qu'elle croyait...

{...}




"WOLKOFF! LÂCHEZ TOUT DE SUITE VOTRE CAMARADE!"

La voix tonitruante du professeur de DCFM résonnait dans toute la salle et, déjà tous les élèves se retournèrent vers la source de toute cette agitation. Horrifiés, ils observèrent Elysium étrangler son binôme, un gryffondor qui lui fut imposé contre son gré. Sa baguette était enfoncée dans la chaire de son cou et, tandis qu'elle prenait soin de lui ôter toute petite bulle d'oxygène, elle fut soudain arrachée de sa proie par le bras puissant de son professeur. Celui-ci ordonna à deux élèves d'emmener le gryffondor à l'infirmerie et se retourna brusquement vers son élève, prêt à lui coller deux heures de retenue et à l'envoyer illico presto au bureau du directeur, mais ce qu'il trouvait à ses pieds fut une créature incroyablement vulnérable qui amorçait sa longue décadence vers l'hérésie.
Ce jour-là, il se souviendrait toujours de son sourire qui n'exprimait que la noirceur du monde et l'hérésie.



Étant donné qu'il ne restait plus que deux mois avant la fin de l'année, le directeur laissa passer ses excès de folie, mais à la seule condition qu'elle soit mise sous surveillance. Ce fut Charlie, son grand frère, qui se proposa pour accomplir cette 'tâche'. Il semblerait qu'en sa présence, la jeune fille ne s'emporte pas dans des exubérances abracadabrantes.

EXTRAIT 59 ;

Cher journal,

Raaaah! Mon frère me suit partout! Je l'adore, mais s'il pouvait mettre en veilleuse sa nature protectrice et ne pas se jeter sur les élèves qui me lancent des piques, ce serait fort gentil de sa part! J'étouffe! Allez, plus que trois semaines à tenir et basta!





"Charlie, où sont les parents?"
"Ils sont allés voir le Seigneur..."
"Ah"

Elysium n'avait encore jamais vu le Lord noir que sa famille vénérait, mais toutes les rumeurs circulant à son sujet lui laisse penser qu'il est préférable de se ranger de son côté. Ses idées n'étaient pas foncièrement mauvaises, même si elle aurait envisager une autre solution que d'éradiquer tous les sorciers au sang impur.

"Je vais me promener..."
"Sois prudente..."
"Charlie, je suis majeure.."
"Certes, mais tu restes encore très vulnérable.."

Elle se contenta d'hausser les épaules et se rendit sans plus attendre à l'extérieur, empruntant un sentier sillonnant à travers les étendues fleuries qui entouraient le manoir Wolkoff.



"SECTUMSEMPRA!"

{...}

"Je ne sais pas...Je ne me souviens juste que ce sale gosse m'a énervé, puis plus rien. Je revois son corps abattu au sol, comme s'il venait de recevoir l'ultime sort mortel. Et c'est peut-être le cas..."

Elle l'observa distraitement, perdue dans les méandres de l'hérésie et, tandis qu'elle s'accroupit pour caresser quelques mèches noires qui contrastaient avec son pâle visage, un sourire effleura ses lèvres.

"Petit chanceux...tu vois, tu ne souffriras plus comme ça...dors mon petit..."



"Ely, je suis fière de toi!"
"Cela fait si longtemps que nous attentions ce moment!"
"Bienvenue parmi les mangemorts petite soeur!"

EXTRAIT 61 ;

Cher journal,

Je constate que cette année est pleine de bonnes surprises. Je viens d'être fraichement intégrée au sein des mangemorts, je n'ai plus qu'à faire mes preuves auprès du Seigneur! Mais ce n'est pas tout! Je t'avais déjà raconté mes nombreux entrainements avec Oncle Alfred dans l'espoir de devenir animagus (non déclaré, dois-je le préciser?) ? Eh bien j'ai enfin réussi à aboutir à une transformation complète et parfaite! Cela faisait des années que je m'acharnais dessus, plongeant dans le moindre livre qui en parlait...L'effort que j'ai fourni semble avoir enfin été récompensé! L'animal en lequel je me transforme n'est d'autre que le renard! Je dois dire que je suis plutôt fière de moi...Les seules personnes au courant de mon nouveau don sont mon oncle, mes parents et mon frère.