__ Il était 3h, plus précisément 3h03 du matin. C'était dans un petit hôpital d'apparence insalubre dans lequel on pouvait aisément rencontrer des gens de toute race. Installée sur une table qui grinçait furieusement au moindre mouvement, elle haletait, désirant éjecté le fruit d'une union salace hors de ses entrailles. Une odeur âcre lèchait la pièce à tel point qu'une envie de vomir l'assailla brusquement, des perles de sueur sillonnèrent son front, longeant ses joues empourprées avant de s'abattre sur le tissu mouillé par la transpiration qui lui servait de misérable vêtement, si on pouvait appeler ça un vêtement... ___ "Poussez madame!" ordonna la voix dure et nonchalante d'un grand gaillard qui avait tout l'air d'être son médecin. "Tu vois pas que c'est ce que je m'efforce de faire depuis une heure 'spèce de crétin!" gémit-elle en réprimant fortement une irrésistible envie de sauter au cou de cet incapable pour lui arracher les oreilles. C'était une petite salle hermétiquement fermée, laissant de nombreuses vapeurs s'unir avec effervescence pour former une délicieuse odeur de pourri. Ce doux parfum vint chatouiller le bout de son nez, et elle battit des ailes du nez, tentant d'évacuer cette puanteur irrespirable. Lorsqu'elle parvint à se débarrasser du déchet, elle marqua l'évènement personnellement et vomit tout le contenu de son estomac, prise de nausées fulgurantes. Le médecin la regarda comme s'il faisait face à un monstre, mais il s'abstint de tout commentaire, se contentant d'observer cette princesse du demi-monde (terme poli pour qualifier une pute) jurer sur le petit être qu'il avait dans les bras.

Il était 3h du matin...3 minutes et 3 secondes ___ C'était dans une petite rue cabossée, au n°3, au 3ème étage, dans la chambre 333.

"C'est un petit garçon..."
"Mué!"

C'est ainsi que je suis né...

{...}

"Phèdre? Mais...que faites-vous? Nous sommes déjà pressés! Je crains qu'un quelconque retard ne les fâche davantage!"
"Venez au lieu de geindre comme une femelette!"
"Humpft!"

L'homme imposant rejoignit son épouse qui se retourna vers lui, avec un étrange paquet dans les bras.

"Qu'est-ce...?" osa-t-il demander, prudent et méfiant.

Un tendre sourire se nicha à la commissures des lèvres de Phèdre, celle-ci caressa du bout des doigts le 'petit paquet' en question et retira délicatement les draps qui dissimulèrent un petit bambin plongé dans les bras de Morphée.

"C'est...c'est...un bé...un bé"
"Un bébé!"

__ C'est ainsi que je fus recueilli par ces sorciers qui, dois-je l'avouer, sont loin d'être banales. Issus de famille riche et respectée, ils ont toujours misé sur le respect, l'honnêteté et une certaine bienveillance. Ils ne connaissaient rien de moi et semblaient être indifférents quant à ma profonde nature. Phèdre, ma mère, m'a aimée dès le premier regard. Caleb, mon père, a rapidement suivi le mouvement et nous a rejoint dans une étreinte chaleureuse. Que je sois un moldu, un sang-mêlé ou un sang-pur, qu'importe! J'étais à présent leur fils, leur unique enfant...

{...}

"Votre fils n'est pas un grand bavard!"
"Hi hi ne vous inquiétez pas! Il est un peu timide!" Répondit Phèdre en toute hâte, cherchant vainement une explication quant à mon silence inapproprié.

Timide? Elle n'avait trouvé rien d'autre à dire? La raison de mon silence? J'ai toujours trouvé qu'il était inutile de gaspiller sa salive pour déblatérer des conneries. Ce...Thomas...jacassait depuis de longues minutes quant à l'importance d'éradiquer les personnes qu'il qualifiait de 'sang-de-bourbe'. Bien que mes parents n'étaient pas dans la même optique que ce gros cachalot en hypersudation, ils se contentaient de sourire poliment, dissimulant mal leur profond ennui. Nous ne nous étions jamais attardés sur cette différence futile, et ce n'est pas maintenant que ça allait changer.

"Ma mère me dit toujours: On répond aux imbéciles par le silence"
"WOLFGANG!" croassa fortement ma mère dont les joues se teintèrent de rouge, gloussant nerveusement face à mon impertinence.
"Ah ah ah qu'il est comique votre gamin!"

Comique?
C'était bien la dernière impression que je désirais laisser comme empreinte...

"Je ne vois pas en quoi mes propos sont...hilarants? Je ne fais qu'exprimer mes pensées les plus profondes" déclarai-je sèchement.

Ce pauvre bougre arqua un sourcil, se racla la gorge, ouvrit la bouche et la referma aussitôt.

"Wolfgang, va un peu voir si Croppy n'a pas besoin d'aide pour la cuisine!"
"Je pense qu'il s'en sort parfaitem..."
"Tout de suite" répliqua-t-elle plus fermement, et je compris qu'elle essayait tant bien que mal de sauver la situation qui s'était malencontreusement aventurée sur un terrain dangereux.

{...}

"N'y pense même pas..."
"Et quoi? Tu vas me transformer en crapaud? Laisse-moi rire Wolf! T'es qu'un sale petite orgueilleux qui se croit plus intelligent que moi !"
"Sam... je suis plus intelligent que toi! C'est incontestable...Tu es idiot, pas moi. C'est cruel mais c'est la vie! Mais ne t'inquiètes pas, le monde a évolué et les cloportes comme toi se révèlent parfois utiles."
"SALE VERMINE!" cria Sam avant d'empoigner Nessy, ma petite chienne. "Excuse-toi où je la tue!"

J'observai longuement Sam, c'était un petit garçon grassouillet qui avait toujours des bonbons dissimulés dans ses poches qui fondaient à la fin de la journée. Il était ce genre de personne qui parlait pour ne rien dire et qui essayait d'attirer l'attention sur lui alors qu'il n'avait rien, et ça j'en suis certain, d'intéressant. Malheureusement, il était le fils de bons amis à mes parents et je n'avais d'autre choix que de 'limiter la casse' et 'd'essayer' d'être gentil avec lui, m'avait ordonné ma mère. Non mais franchement! Comme si j'étais méchant! Perdre mon temps et jouer les hypocrites n'est pas dans mes intentions.

Usons d'un peu de diplomatie...

"Relâche la... s'il te plait!" demandai je d'une voix un peu trop polie à mon goût.

"NON!"

Sans lui laisser le temps faire quoi que soit, je lui assénai un coup droit qui le fit valser au sol, rattrapant au vol Nessy qui tremblait de toute sa chaire. Et alors qu'il tentait de se relever, je ne sais par quel heureux hasard, mon souhait se réalisa et, tandis que je fixais une branche émergeant d'un vieux chêne, celle-ci vint s'abattre brutalement sur le fion de Sam qui se retrouva une nouvelle fois le cul à terre.

"WOLFGANG!"

Oups! Je reconnaissais cette douce voix furibonde entre mille!

"WOLFGANG EYCKO SEYFRIED! Qu'est-ce que je t'ai dit?!"
"Chérie, calme toi, tu n'as pas remarqué quelque chose?"
"Quoi? Oh...OH mais oui! Oh mon petit chéri! C'est merveilleuuuuux!"

Le contraste était surprenant, mais agréable et j'observai ma mère danser joyeusement autour de mon père qui me regardai avec un mi-sourire amusé, les yeux pétillant d'une malice suspecte.

"Notre petit garçon est un sorcier! Oui oui oui! Oh comme je suis heureuse! Nous allons fêter ça dignement! Oh Chéri, préviens toute la famille! On va..."
"Phèdre! PHEDRE!"
"Oh...euh...oui?"
"Sois belle et tais-toi!"
"OH!"


___ Découvrir que j'étais un sorcier était sans doute l'une de mes plus grandes satisfactions. Mes parents m'avaient révélés comment et où ils m'avaient trouvé, et je leur serais éternellement reconnaissant de m'avoir recueilli ce jour-là...


{...}

"Serdaigle? Allons, tu serais aussi bien à serpentard!"
"Tu fais chier!"
"SERPENTARD!"
"Stupide chapeau!"

Serdaigle m'était apparue comme une maison sans perturbations quelconques, mais il a fallu que ce foutu chapeau m'envoie chez les serpents. Quoiqu'en y réfléchissant bien, je préfère me retrouver chez eux que chez les Poustsouffles.

"Salut, moi c'est Elzear Law Cômes, et toi?"
"Wolfgang Eycko Seyfried"
"Oh! Tu es un Seyfried? Ravi de te rencontrer, j'espère que nous nous entendrons bien!"

Ce...Elzear semblait être ce genre de personne attaché aux traditions et, vu sa réaction à l'entente de mon nom de famille, il doit croire que je suis un 'digne' sang pur. Je le regardai d'un œil malicieux, imaginant sa réaction s'il apprenait que je n'étais qu'un bâtard trouvé dans la rue. Au final, je me suis abstenu de lui énoncer la situation, préférant conserver mon petit jardin secret et manipuler ce freluquet à ma guise.

{...}

"Espèce de Poustsouffle va!"
"Ah non! Tout mais pas ça! C'est juste que...j'ai pas trop envie de..."
"Non mais t'inquiètes, je ne dirai à personne que le grand Elzear a peur d'aller dans la forêt interdite!"
"On y va!"
"T'es sûr? Je ne voudrais pas te ramasser à la petite cuillère..."
"C'est ça, moque toi"

___ C'est ainsi que nous nous retrouvions au cœur de la forêt damnée, j'entendais déjà le grognement des bêtes nocturnes qui, sans doute, attendaient le moment propice pour se lancer à l'attaquer. La nuit était déjà tombée et l'on pouvait voir des points brillants sillonner l'étendue sombre, juste au-dessus de nos têtes.

AOUUUUUUUUUUUUUUH

"C'était quoi ça?!"
"Ça m'a tout l'air d'être un loup..."
"Putain Wolf faut qu'on se casse!"
"Vas-y, je ne te retiens pas"
"Comme si j'allais partir sans toi!"

AOUUUUUUUUUUUUUUH

"'Tain là je flippe! Cassons-nous! Je veux revenir VIVANT!"
"Arrête de brailler!"

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais comme une mauvais pressentiment. Certes, j'aimais les loups, c'étaient des bêtes qui m'intriguaient beaucoup, mais tomber sur l'un d'eux affamé n'était pas la plus brillante des idées.

Un silence pesant s'abattit autour de nous, un silence bien trop lourd pour être naturel.

AOUUUUUUUUUUUUUUH

"J'ai l'impression que ça se rapproche!"
"On devrait retourner sur nos pas..."
"Enfin une bonne idée! "

Alors que nous faisions demi-tour sans plus tard, une silhouette sombre se distingua dans le clair de lune, juste à quelques mètres devant nous, nous stoppant dans notre élan.

"Merde! Wolf c'était quoi ça? C'était pas un loup!"

Je l'écoutais d'une oreille distraite, attiré par la lumière scintillante de la pleine lune...Cette vision me fit frissonner de toute part, je n'aimais pas cette pleine lune, pas celle-là!

"Elzear, je crois que ce n'est pas qu'un simple loup..."
"Tu crois que c'est un..."

AOUUUUUUUUUUUUUUH

Je n'eus le temps de dire quoique ce soit que le sol se déroba sous mes pieds, et je sentis mon corps être projeté contre un arbre. Des élancements tiraillèrent mon dos et je réprimai difficilement un gémissement de douleur. Tâtant du bout des doigts le sol dans l'espoir de retrouver ma baguette, j'en avais presque oublié mon agresseur que je pouvais entendre grogner. Décidant de faire preuve d'un peu de courage, je détachai mon regard du sol et tomba nez à nez (ou plutôt, nez à museau) avec des prunelles perçantes d'une couleur carmine. Je rencontrai des difficultés à déglutir, mes doigts poursuivirent leur quête tandis que je ne lâchai pas la bête du regard.

AOUUUUUUUUUUUUUUH

Le loup-garou poussa un hululement qui déchira la nuit de sa torpeur et j'en profitai pour tenter de m'échapper. En vain...
"Ne jamais lâcher du regard son agresseur"...Qu'est-ce que je suis con!

Une masse imposante m'ôta toute résistance et je tombai misérablement au sol, sentant l'odeur de terre chatouiller mes narines. Merde! Mais où était passé Elzear? Cet enfoiré ne m'aurait quand même pas laissé tomber! En fait, si, il en serait tout à fait capable...

"MERDEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH"

C'était pire qu'une douleur, la bête me charcutait avec plaisir, lacérant mon corps de ses griffes charnues et mettant en charpie la peau de mon cou à l'aide de ses dents tranchantes. J'avais beau me débattre, mes efforts se révélèrent inutiles et je priais Merlin pour qu'il en finisse rapidement, peu friand de cette douleur trop intense. Je ne sais combien de temps la bête a pris pour prendre son pied, mais ce dont je me souviens, c'est que la douleur a finit par me faire succomber dans les limbes de l'inconscience.

Quelques heures plus tard...

Un horrible mal de crâne m'arracha de l'inconscience et je ne sais par quel miracle je m'étais retrouvé à l'infirmerie. Je pouvais entendre la douce voix raillée de mon professeur de potions qui aurait pu réveiller tout un régiment. C'était pire qu'un réveil...Argh!

___ "Non mais vous vous rendez compte de la gravité de la situation? Si je n'étais pas intervenue, votre ami serait mort à l'heure actuelle!"
"Je je..."
"Laisse tomber Elzear! C'est ma faute...C'est moi qui ai insisté pour qu'on aille dans la forêt..." parvins-je tout de même à articuler.
"Monsieur Seyfried! Vous êtes enfin réveillé! Comment vous sentez-vous?"
"Très mal...J'ai l'impression qu'on m'a démembré..."
"Vous n'en étiez pas loin! Heureusement que votre ami était là, je ne sais pas dans quel état je vous aurais retrouvé s'il avait tardé..."
"Je crois que j'ai ma petite idée..."
"Oh! Dehors tout le monde! Monsieur Seyfried a besoin de repos! Allez ZOU!"

{...}

Depuis ce jour, j'ai toujours haï les jours de pleine lune qui restent, à chaque fois, des éternels moments de souffrance, autant sur le plan moral que physique. La transformation a toujours été insupportable, et même avec le temps, je ne m'y suis pas habitué...
Je n'en suis pas ressorti indemne, mon corps lacéré à gardé de charmantes cicatrices, dont une bien marquée au niveau du cou...la morsure de la bête. Je n'ai pas pu gardé ce secret fort longtemps, la rumeur s'était répandue tellement vite qu'au bout d'une semaine, je devins le sujet principal de toute conversation, et ça m'excrétait à tel point que je passais le plus clair de mon temps dehors, près du lac ou dans le parc. Moi qui ait horreur d'être au centre de l'attention...

{...}

Je pouvais sentir la morsure du froid contre ma peau, la température avait largement dépassé la barre du zéro. J'étais frigorifié, mais c'était bien le cadet de mes soucis. Je ne me rappelais pas depuis combien de temps j'étais là, à fixer la tombe de mes défunts parents...Quelques minutes? Quelques heures? Comment s'était arrivé? A vrai dire, tout est flou dans mon esprit. Je me souviens que je me promenais dans les couloirs de Poudlard, puis on m'a envoyé au bureau du directeur pour une raison qui m'était encore inconnue.La nouvelle m'avait été transmise comme une douche froide et brutale; __ "Nous avons le regret de vous annoncer la mort de vos parents" Putain ils pouvaient pas trouver quelque chose d'encore plus éloquent?!

Je n'ai jamais su comment ils étaient morts...Pour être exact, personne n'a jamais cru bon de m'en dire plus, malgré mes nombreuses demandes (voire harcèlements!).

____ J'avais beau cherché, je n'avais plus jamais retrouvé la chaleureuse ambiance qui m'accueillait à chaque fois que je revenais de Poudlard. Non, c'était une toute autre atmosphère...un subtil mélange de froideur et de vide...surtout de vide! Plus rien n'a plus jamais été pareil depuis lors...

{...}

Je n'ai jamais su ce que je voulais faire de ma vie, alors j'ai voyagé...j'ai visité pas mal de pays, trouvant des métiers passe-partout qui me permettaient de payer ma croûte bien que j'avais largement les moyens grâce à l'héritage de mes parents. Je m'adaptais facilement à toute situation, trouvant plaisir à vagabonder en laissant les soucis languir derrière moi. Certains me considéraient comme un maraudeur, et je n'en étais sûrement pas loin...