Un cri rauque déchira le silence de la pièce aux murs immaculés. Les médicomages se rassemblèrent autour de la femme, se préparant à recevoir le premier bébé. Les yeux révulsés par la douleur, le front humide de transpiration, Angela Llewellyn serrait les draps blancs entre ses mains avec tellement de force que ses articulations étaient blanches. Un médicomage épongea doucement son front tandis que l'autre prenait le nouveau né dans ses mains expertes. Le bébé resta silencieux pendant quelques secondes, ce qui inquiéta la mère. Elle crispa davantage ses mains sur le tissu tandis qu'une goutte de sueur froide descendait dans son dos, déclenchant une série de frissons incontrôlables. Au bout de quelques secondes interminables, le bébé poussa un cri strident.
Avec douceur, le médecin déposa le bébé dans les bras de sa mère qui contempla avec amour son enfant, encore relié à elle par le cordon de chair. Le bébé ne cessa de gémir, de toutes ses forces tandis que sa mère lui caressait les joues. La jeune médicomage reprit doucement la petite fille des bras de sa mère avant de sectionner le cordon d'un coup de baguette. Le lien qui les avaient unis durant 9 longs mois se brisait tandis qu'un autre naissait : l'amour.
Cependant, la petite ne cessait de pleurer et même les doux murmures de la jeune mère n'y firent rien. Une nouvelle contraction secoua la mère. Douloureuse, aiguë. Elle poussa un cri, ses mains se refermèrent sur la main de l'une des médicomages, la serrant presque au point de lui briser les os. Un spasme parcouru son corps, des larmes coulèrent de ses yeux pâles, allant s'écouler dans les craquelures de ses lèvres, sèches comme un parchemin dormant depuis des siècles. Le médecin la rassura du mieux qu'il pu. Lui murmurant des paroles apaisantes. Angela poussa un nouveau cri déchirant de douleur. Elle serra davantage la main de la sage-femme avant de pousser de toutes ses forces, expulsant le bébé. La petite fille n'avait cesse de hurler. Le médicomage prit doucement l'enfant puis sectionna le lien. Il déposa doucement le bébé près de sa sœur. Elle avait cessé de pleurer, sentant le contact de son frère.
Angela poussa un cri de douleur. Une tâche écarlate s'agrandissait sur le tissu immaculé, entre ses jambes. Le médecin pointa sa baguette vers la blessure, murmurant une formule mélodieuse. Un rictus de douleur déforma le visage angélique de la jeune mère, d'une main douce la sage femme écarta ses cheveux de son front puis braqua son regard vers le médicomage. Son front était glacé. Il continuait à répéter la formule mais l'hémorragie continuait. Quand la jeune femme ferma les yeux il comprit que rien ne pouvait plus la sauver. La mort avait exigé son tribu. Les médecins se regardèrent, en silence. L'une des sages femmes s'avança vers le médicomage en chef.
« - Il faut prévenir le père ...
- Je le crains oui, je m'en occupe. » Avec un raclement de gorge, le médecin sorti de la salle d'accouchement. L'homme dans la salle d'attente releva la tête. Les traits tirés, le visage sec et maigre, William Llewellyn tentait de chercher dans le regard du médecin ce qu'il cherchait à lui dire. Il baissa la tête avant que le médecin n'ait ouvert la bouche. Un lourd silence s'installa, troublé régulièrement par la respiration rauque du sorcier. Il braqua son regard d'acier dans celui du médicomage.
« - Et mon enfant ?
- Vos enfants, Angela a donné naissance à des jumeaux. » D'un geste de la main, il invita le jeune père à le suivre. Dans la pièce immaculée, régnait un froid inquiétant qui fit frissonner le jeune père. Le cadavre avait déjà été évacué, ne restait du terrible accouchement que la tache de sang au bout du lit. Rouge sur blanc. William, pendant un instant, ne pu détacher son regard de la tache écarlate, les larmes lui piquant les yeux. La respiration de l'un des bébés le fit quitter le monde des pensées. Il se tourna vers les deux bambins. L'un à côté de l'autre, leurs mains s'effleurant, ils dormaient paisiblement. Bien loin de se douter des épreuves de la vie. Ils étaient ensembles, et voilà tout ce qui importait.
« - Swan, la fille s'appellera Swan. Angela adorait les cygnes.
- Et le garçon ?
- Salim. » Il braqua de nouveau son regard vers les nouveaux-nés. Une vie riche les attendait. Riche en émotions. Riche en joies et en peines. Riche en rencontre et séparations. Riche en amitiés et haines pures. Riches en combats et victoires. Riche en combats et en défaites. Riche en larmes. Riche en rires. Riche.
« Acte 1 - L'envol »
Les années s'étaient écoulées, comme les gouttes d'une averse sur une vitre. Rapides, presque fugaces. Un instant nous étions petits enfants, prêt à défier le monde, et l'instant d'après nous voilà à compter notre vie passée aux seuls qui veulent encore nos écouter. La vie passe. Aussi rapide qu'un battement de cil. Aussi rapide qu'un battement d'aile. Onze ans plus tard, les jumeaux allaient enfin intégrer Poudlard. La fameuse école de sorcellerie. Mais avant, il leur fallait aller au chemin de traverse ; c'est accompagné de leur père qu'ils s'y rendirent.
C'était une longue allée pleine de monde et de couleurs. Les camelots hurlaient les sorciers de toute origine riaient. Il y avait tellement de choses à voir, à sentir, à entendre que Swan en eu le tournis. Une telle effervescence y régnait que la jeune fille se senti immédiatement à l'aise.
« - Regarde la boutique là ! S'écria son frère en désignant une boutique de quidditch.
- Et celle là ! S'exclama sa jumelle.
- Doucement les enfants. Nous allons d'abord acheter votre baguette. » Les yeux brillants d'excitation, les jumeaux suivirent leur père, regardant partout autour d'eux avec enthousiasme. Ils passèrent devant Fleury & Botts, la ménagerie magique et gringotts avant d'arriver devant Ollivanders. Un homme au visage dur sorti de la boutique, considérant la petite famille du regard.
« - Immondices de la magie, bâtards ne méritant qu'Azkaban. marmonna-t-il. » Swan ouvrit la bouche pour répliquer ; mais la main douce de son père sur son épaule la stoppa net. Il lança un regard noir au sorcier avant de se tourner vers ses enfants, l'air contrarié.
« - Pourquoi nous a-t-il insulté ? Demanda vivement Swan.
- Parce que tu as du sang moldu dans les veines. Dit-il simplement
- Et alors ? S'exclama Salim. Qu'est-ce-que ça change ?
- Tout malheureusement. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il existe plusieurs catégories de sorcier. Ceux de sang-pur, ceux qui sont nés-moldus et ceux qui sont issus de ces deux sortes de sorciers. Les sorciers de sang-purs ont tendance à se considérer comme supérieurs et méprisent les autres. J'ai épousé une moldue et mes « semblables » sangs-purs ne me l'on jamais pardonné.
- Mais pourquoi ? Je ne comprends pas ? Purs ou non, nous sommes égaux ! » Le père lança un regard affectueux vers sa fille. Cette réaction ne l'étonnait pas du tout d'elle.
« - C'est la nature humaine qui veut ça. Certains se croient plus fort que les autres, ils y croient tellement que cette idéologie s'ancre dans la culture. Tu vas devoir te battre, toute ta vie peut-être contre ces idéaux. Et montrer que tu vaux autant voire plus que ces gens là. ta valeur est celle que tu te forgeras et non celle que l'on t'attribueras ma princesse, ne l'oublie jamais. » Ces mots s'ancrèrent dans la chair de Swan au point d'en imprégner son âme. Jamais elle n'oublierait cette leçon. Au bout de longues minutes, la jeune fille prit la parole d'un ton sec. Son regard brillant d'une détermination farouche. Comme une flamme.
« - Je me battrais. Pour montrer que les enfants de moldus peuvent valoir mieux que le plus pur des sorciers. Je leur montrerais. Je te le promets ! »William sourit devant la détermination de sa fille, une lueur de fierté brillait derrière ses pupilles.
♣♣♣
« - Mlle Llewellyn, mon cours vous ennuierait-il ? » La voix sèche et cassante du professeur Rogue tira la jeune blonde de sa torpeur. Elle observa un instant autour d'elle, hagarde de son assoupissement avant de croiser le regard du professeur. Un sourire naquit alors sur son visage.
« - Huuum vous voulez une réponse franche? Parce que si oui vous risquez de ne pas l'apprécier.
- Bien Llewellyn. Déjà vous serez collée tous les soirs de la semaine, vous aurez également à me rendre une rédaction sur le rôle de l'aconit dans les antidotes et enfin ... SORTEZ !
- D'accord, à demain ! Répondit-elle d'une voix chantante qui déclencha les rires de ses camarades. » La blonde serra son écharpe rouge et jaune contre son coup, attrapa sa besace de toile et sortit de la pièce. Elle se fichait bien d'avoir été punie, au moins elle était dehors. Swan traversa le couloir d'un pas rapide avant de sortir du château. Un instant, la jeune femme resta subjuguée par la beauté du parc enneigé avant de s'avancer vers le lac, inspirant à plein poumons l'air frais de l'hiver. Elle s'avança dans la jeune, riant au doux craquement de la poudreuse sous ses pas. Rebelle et farouche, elle n'était au fait avide qu'une seule chose : la liberté.
Un ricanement la tira de ses pensées. Tournant la tête, elle aperçut un groupe d'élèves en train de torturer une jeune première année. Swan soupira, elle détestait ces gens. D'un pas déterminé, elle s'avança vers eux.
« - Hey ! Arrêtez ça tout de suite !
- Llewellyn. ça te dirais d'aller voir ailleurs ?
- Huum. Non ça ne me dis pas O'Donnell. Je répète maintenant ma phrase arrêtez ça tout de suite.
- Une sang-mêlée qui défend une sang-de-bourbe. Comme c'est mignon.
- Dernier avertissement O'Donnell. » Une flamme, vive et farouche brillait dans le regard azur de Swan. Colère, haine, rancœur, détermination, promesse. Le serpentard la considéra un moment avant de ricaner avec mépris. La flamme dans le regard de Swan s'anima davantage.
« - Tu l'auras voulu. Locomotor Mortis ! » Les jambes du serpentard se serrèrent l'une contre l'autre et il tomba dans la neige en jurant. Swan leva un sourcil satisfait avant de se tourner vers la jeune serdaigle.
« - Retiens bien cette formule, elle pourra t'être utile quand ces lourdauds t'embêteront de nouveau. Quoique ... Je doute qu'ils ne reviennent tout de suite ! » La jeune fille s'éloigna en adressant un clin d'œil à la gamine. Fière d'elle.
« Acte 2 - La chute »
« - On arrive bientôt ?
- Swan ... Tu sais bien qu'il nous reste plusieurs heures de route.
- Génial » La blonde se remit à sa contemplation du paysage défilant. Pour aller chez ses grands-parents, moldus, son père exigeait de prendre la voiture. Ils ne s'étaient jamais habitués à la magie. Seulement la voiture était un moyen de transport long. Très long. Salim se tourna vers elle, lui adressa un sourire malicieux.
« - Tu n'as qu'à dormir. Ça passera plus vite et nous ne supporterons plus tes jérémiades. » Swan tira la langue à son frère qui lui adressa un sourire affectueux. La jolie blonde se sentit fondre et ébouriffa la chevelure de son jumeau en riant. Complices. A 15 ans, leur relation était fusionnelle. Deux êtres différents. Deux cœurs différents. Une âme mêlée.
Puis le choc. Brutal. Imprévisible. Violent. Le bruit des pneus qui crissent. De la voiture qui percute le poids lourd. La vitre qui se brise. Cris. Sang. Douleur. Puis le noir. Rien que le noir.
Swan s'éveilla difficilement. Sentant peut à peu les sensations envahirent de nouveau son corps. Douleur. Elle ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt, éblouie par les murs immaculés. Hagarde elle resta longtemps ainsi, les images de l'accident lui revenant peu à peu. Le poids lourd perdant le contrôle de sa trajectoire. La voiture qui freine. Le choc. Le cri de William au moment où il percute le pare brise. Salim traversant la vitre. Cri. Sang. Vitre brisée. Peur. Chaos. Douleur. Noir.
La blonde massa doucement son front endolori, reprenant ses esprits.
« - Mademoiselle ?
- Où suis-je ? Où son Salim et mon père ?
- Vous êtes à l'hôpital de Glasgow. Quant à votre père et votre frère ... » Swan n'entendit pas la fin de la phrase de l'infirmière. Elle avait compris l'évidence au regard désolé de la jeune femme. Hagarde, elle mit un certain temps à réaliser. Avant d'éclater en sanglot. Une douleur immense dans le cœur. Un vide insondable dans son âme. Brisée.
♣♣♣
« - Voici la famille Kardey. Ils t'accueilleront. »La blonde regarda un instant le groupe qui la fixait. La mère, blonde et douce l'attendait, la main sur l'épaule de son fils. Un grand brun aux yeux gris brillants. Le père la main posée sur l'épaule d'une jeune blonde, la regardait en souriant. Ils avaient l'air gentils, mais Swan baissa les yeux. Incapable de supporter leurs regards empreints de compassion. Ils étaient persuadés que leur seule gentillesse pourrait l'aider à surmonter sa peine mais, ils ne comprenant pas sa douleur. Ce manque. Atroce. Une partie de sa propre âme l'avait quittée le jour de l'accident.
Rentrée à Poudlard. Rien avait changé. Mais tout était différent. Il n'était pas là. Pas là pour veiller pour elle. Pas là pour la faire rire. Sa présence lui manquait. Son regard lui manquait. Son sourire lui manquait. Sa présence lui manquait. Il lui manquait.
Brisée, elle avait changé. Fière, la jeune blonde cachait sa tristesse derrière une colère vive comme une flamme. Plus que rebelle, elle se montre insolente, farouche. Autrefois vive, gaie, flamboyante, la jeune blonde était maintenant colérique et farouche. Au bord de l'expulsion à la fin de sa cinquième année, la douce Swan est loin. Très loin.
« Scène finale »
« - Swan !
- Fous moi la paix Gabriel ! » Sans se préoccuper du jeune homme qui la suivait, Swan se dirigea vers le lac, s'allumant une cigarette au passage. Gabriel Kardey soupira, puis accéléra le pas ; lui attrapant le bras, il la força à le regarder, plongeant ses prunelles dans les siennes, d'un bleu remarquable.
« - Swan cela ne peut plus continuer ainsi. Mais regarde toi bons sang !
- Fous moi la paix Gabriel. Cela ne te regarde pas !
- Si cela me regarde. Tu fais parti de ma famille désormais.
- Fous moi la paix. Tu n'est pas mon frère Gabriel ! Tu ne le sera jamais ! Jamais tu ne seras Salim ! »La blonde lui tourna le dos, luttant contre les larmes qui lui piquaient les yeux. La main de Gabriel se posa sur son épaule. Douce.
« - Je ne veux pas remplacer Salim. Je veux juste t'aider. Jamais rien ne remplacera ton frère j'en ai conscience. Mais tu dois te battre. pour lui. Il aurait voulu te voir heureuse. Faire des conneries, te battre contre tout le monde, te mettre en colère, cela ne ramènera pas ton frère. Ce ne seras pas facile Swan, mais tu dois réapprendre à vivre. Pour toi. Pour lui. Pour ton père. »Ton père. Ce mot résonna dans l'esprit de Swan. Elle se remémora son père, cet homme qui avait tout donné pour elle et son frère. Une promesse qu'elle avait faite à son père lui revint. Il y a cinq ans de cela.
« - Je me battrais. Pour montrer que les enfants de moldus peuvent valoir mieux que le plus pur des sorciers. Je leur montrerais. Je te le promets ! ».Il lui fallait tenir cette promesse. Pour eux. Pour ses convictions. Pour vivre de nouveau.
Inscriptions bloquées
Lun 24 Jan - 0:16
Mon pseudo est Métaphore 
