« Je n’en suis pas capable. » Sa voix se brisa.
« Morgan, je t’aime. Tu dois le faire. Pour Juliet. Pour notre fille. Regarde-moi… Fais-le, je t’en prie. » Le fantôme d’un sourire étira alors ses lèvres rosées, des larmes roulant le long de ses joues pâles. Une exquise créature qui ne demandait qu’à vivre mais qui reniait son humanité.
« Je ne veux pas le faire. Je ne peux pas, Heather. » Souffla l’homme en passant maladroitement le dos de sa main sous son nez.
« Tu le dois. Je suis une enfant de moldus et tu… » Elle éclata de rire en levant les yeux vers son mari. « Tu sais ce que ça veut dire. » Un sanglot l’étrangla. « Tu… Tu le sais, Morgan. Je te mets en danger. Je mets en danger Juliet. Toi, tu peux t’en sortir. Tu peux sauver notre famille mais il faut que tu le fasses, M. Il faut que tu me tues. »

Il secoua la tête et sa baguette tomba. Lui aussi tombait, tombait, tombait. Il avait eu la chance de naître au sein d’une famille dont la pureté n’était plus à prouver. Pouvait-il en dire autant de sa tendre épouse ? Morgan lui glissa un regard larmoyant mais elle ne lui offrit qu’une mince grimace encourageante en retour. Il s’affala dans un fauteuil. Il ne voulait pas se charger de la basse besogne et affronter les mots haineux de leur fille lorsqu’elle saurait. Les enfants connaissent toujours les maux de leurs parents.

« Ne dis pas ça. » Souffla-t-il en serrant les poings.
« Juliet est ce que nous avons fait de mieux. Tu le sais. » Murmura-t-elle en tendant la main vers lui.

Morgan toisa cette paume offerte et déglutit difficilement. Il la saisit avec force après avoir effleuré sa peau du bout des doigts. Avec une force peu commune, elle l’entraîna contre lui et il pût goûter à ses lèvres une dernière fois. Passant ses bras autour de sa nuque raidie, H. embrassait son époux avec l’énergie du désespoir, diffusant une agréable amertume dans ce baiser qui aurait dû être idyllique.